Documentaire, 78 minutes

La ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, racontée par celles et ceux qui sont resté-es, un an après l’abandon du projet d’aéroport.

 

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  • Sélectionné au Italia Green Film Festival 2021
  • Prix OR au Spotlight Documentary Film Festival (US) 2022
  • Sélectionné au BARCIFF (Barcelone) 2021
  • Sélectionné aux Lift Off Sessions 2021
  • Sélectionné au Mois du Documentaire de la Bibliothèque de Toulouse 2021

« Il ne tient qu’à nous de créer ce petit paradis » Jean-Gui*

Cela fait presque 10 ans que je milite pour l’écologie politique. Pourtant, avant ce mois de janvier 2019, je n’avais jamais mis les pieds à Notre-Dame-Des-Landes. Quand une actrice d’un certain âge de mon quartier, Danièle Léon, m’a appelé pour « faire un film sur ce lieu où il se passe tant de choses », je n’ai pas réfléchi plus d’une minute, j’ai dit banco.

Nous sommes partis très vite pour pouvoir être sur place à l’anniversaire des 1 an de l’abandon du projet d’aéroport. Pas le temps de vraiment préparer, si ce n’est avoir quelques points de chute et quelques noms de personnes à rencontrer. Mais ce qui au début constituait un obstacle pour faire un documentaire allait devenir la force du film.

Sur place, nous nous rendons compte très vite de la pluralité et de la richesse d’opinions et de parcours de vie. Au gré des rencontres, nous filmons des témoignages sans trop guider les conversations. Plus nous filmons et plus nous nous rendons compte que nous n’effleurons qu’une partie de l’iceberg expérimental de cette ZAD (Zone à Défendre). En quelques jours, nous entrevoyons alors la forme du film : il s’agira d’un film document, une succession de témoignages bruts, de paroles prises à chaud auprès de celles et ceux qui vivent la ZAD. Ni plus, ni moins. Et de par leurs expériences, leurs ressentis, le spectateur se constituera sa ZAD, en comprendra certaines problématiques, en questionnera d’autres. En dehors du cercle militant, qui sait que la résistance à la ZAD date de 1971 ? Qui sait que la victoire contre l’aéroport et les compromis qui s’ensuivirent firent partir nombre de Zadistes ? Qui sait quel monde essaie d’émerger là-bas ? Quelle lutte s’installe dans le temps ?

Au montage m’est venu l’idée du noir et blanc. Cela donne un côté intemporel au film : ce pourrait être un document retrouvé de Mai 68 et des communautés autonomes par exemple. Cela permet aussi, alors que c’est un sujet autant national qu’hyper local, d’en faire une zone géographiquement non identifiable. Cette lutte pourrait advenir partout, ce qui est d’ailleurs le cas, de Bure au Mexique, en passant par la forêt belge.

Pense avec le monde, il ressort de ton lieu, Agis en ton lieu, le monde s’y tient. Edouard Glissant

Paroles de la ZAD doit se vivre comme une immersion. C’est un film de cinéma, dans le sens où la salle permet cette communion totale avec des gens que l’on ne connaît pas mais qu’on va accepter d’écouter pendant plusieurs minutes chacun. « La nature n’a pas le même rythme que notre société » dit Nolig dans la forêt. Le cinéma n’a pas non plus le même rythme que le streaming ou la télévision, où l’on peut textoter ou regarder ses newsfeed de Twitter en même temps.

L’idée, c’est aussi cela, de reprendre le contrôle de nos films, comme les zadistes reprennent celui de leurs vies. En reprenant le temps, sans artifice, sans accompagnement (pas de voix off, pas de fil rouge évident), on redonne au spectateur sa place d’auditeur intelligent et curieux.

 

*Par militantisme (refuser l’individualisme et la personnification des luttes) ou par pragmatisme (pour éviter que la police n’en apprenne trop facilement), la plupart des Zadistes ont souhaité que l’on change leurs noms. Pas tou-te-s. Le film respecte les vœux de chacun-e bien évidemment, sans préciser qui porte son « vrai » nom.